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Ce que j’ai appris en 2014

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2015

Partagée entre le besoin de recul silencieux et l’envie d’écrire, j’ai fini par trancher car écrire, ça calme.

Depuis mercredi je me sens en apnée. Les souvenirs du deuil, de l’attente, de la peur et de l’incompréhension refont surface et la souffrance fait écho en moi, en nous tous. Je suis très émue mais également très fière de voir qu’un acte aussi barbare que celui du mercredi 7 janvier 2015 ait rassemblé autant de personnes dans le monde entier. Tant d’amour et de solidarité apporte du baume au cœur et ce sont les images que je souhaite garder en tête.

L’année 2014 fut très éprouvante, mais elle m’a permis d’apprendre beaucoup de choses.

LE BONHEUR

J’étais naïvement persuadée que le bonheur était un état béat et facile à atteindre, comme dans les comédies romantiques américaines. Je pensais bêtement que les gens heureux étaient simplement aveugles et ne pouvaient pas comprendre à quel point la vie était dure. J’ai appris à mes dépends que la tristesse et le mal-être étaient un état de faiblesse et de détresse et qu’il fallait être très fort pour accepter d’être heureux et maintenir cet état à flot. Avant, je ne me rendais pas compte de la chance que j’avais. Aujourd’hui chaque jour commence par une bataille contre moi-même et se termine par une victoire.

Désormais j’admire les gens sincèrement heureux. Je ne me dis pas qu’ils ont de la chance, car s’ils sont arrivés à cet état de sérénité c’est qu’ils ont du en chier un jour dans leur vie et qu’une épreuve leur a permis de s’élever moralement. Certains y arrivent seuls, d’autres ont besoin de leurs proches ou d’une aide extérieure pour atteindre cet état de bonheur. Je le souhaite à tout le monde, c’est un apprentissage quotidien.

LE PARDON

Personne n’est parfait et je l’avoue sans honte, j’ai été bouffée par la rancœur. Celle qui te ronge, qui te fais haïr tes collègues, tes amis, tes proches, ceux qui ne sont pas là (que tu crois) et qui restent silencieux (mais n’arrêtent pas de penser à toi pour autant). C’est une spirale infernale de haine qui se déverse et qui n’atteint pas les autres, seulement toi-même.

Ça prend du temps de recouvrer la vue, de regarder autour de soi et réaliser que personne n’est responsable de ce qui s’est passé et que personne ne te doit rien. Alors un jour il faut décider de pardonner et c’est en pardonnant qu’on va de l’avant et qu’on renoue des liens vitaux… pour atteindre le bonheur. L’un ne va pas sans l’autre et c’est un cercle vertueux.

LA TOLÉRANCE ET L’HUMILITÉ

Posons les faits : je suis une femme blanche, occidentale, de culture catholique, éduquée, issue d’un milieu aisé, jeune et en parfaite santé et j’ai un travail qui me plait et me permet d’être indépendante financièrement. J’ai TOUT pour moi. Je suis privilégiée. Point.

Et ça, je l’oublie en France. C’est un fait qui me frappe régulièrement depuis que je vis en Inde. Je fais partie d’une extrême minorité de personnes qui ne sera jamais dans la merde. C’est une responsabilité à respecter, car j’ai toutes les clés en main pour construire ma vie librement et sans peur. Ce serait donc un affront envers ceux qui n’ont pas ma chance de ne pas faire mon maximum et me donner à fond pour vivre ma vie telle que je l’entends et être heureuse.

Je suis rarement témoin de l’extrême pauvreté à laquelle sont confrontés une majorité d’indiens car j’ai la chance de vivre dans une grande ville et voyage très peu dans les zones rurales et isolées.

L’Inde que je vois au quotidien, celle que je connais et côtoie est très dynamique. Elle travaille, fait la fête, voyage beaucoup, est très curieuse. Elle est surtout tolérante. Au bureau, mes collègues musulmans ont un espace de prière qui leur est dédié et c’est normal. Tout le monde se souhaite un joyeux Noël et décore un sapin dans la salle de pause. Et les jours de fêtes hindoues, tout est béni, jusqu’à mon écran et clavier d’ordinateur. Je fais mes courses au son de l’appel de la prière et parcours les rues qui sentent bon l’encens provenant des temples. Quelques minutes plus tard, c’est les cloches qu’on entendra. En sari, en kurta, voilées des pieds à la tête ou en jean, les indiennes sont partout dans les rues et je n’ai, à Chennai, jamais été témoin de regards déplacés.

C’est pas tous les jours parfait. Si les regards ne sont pas déplacés, quelques gestes le sont. Des mains, dans la foule, dans le bus, à un concert, en prétextant m’aider à réparer ma mobylette. Des paroles maladroites, des « you’re rich, I’m poor » répétés dans le but de me faire culpabiliser d’être occidentale. Des refus de me regarder dans les yeux parce que je suis une femme qui hausse le ton.

Je serre les dents. Ce n’est pas ma culture, et ce n’est certainement pas celle des indiens. Il faut apprendre à ne pas faire de généralités. Le manque d’éducation, la frustration et la pression morale sont la source de ces maux. C'est ce qu'il faut garder en tête et il convient de ne surtout pas stigmatiser une culture, une religion ou une nation.

VOYAGER

Voyager coûte cher, on ne va pas se mentir. C’est devenu mon principal poste de dépense. Avant, c’était les fringues. Aujourd’hui, je dépense des fortunes en billets d’avion, en transports, en hôtels, en souvenirs.

Je continue à m’offrir des vêtements et des accessoires car ils me plaisent, car j’ai bousillé mon pantalon préféré ou parce que je veux absolument une paire de Stan Smith, comme tout le monde. Mais j’ai appris à me freiner, à me dire « non Marion, ce sac = un week-end dans cette ville que tu veux absolument visiter ». Ma consommation a complètement changé et c’est étrange car beaucoup d’articles publiés par mes blogueuses préférées en ce début d’année font état de ce même sentiment : moins de consommation, plus de voyages.

Grandir m’aide à sortir du bonheur matériel et m’aide à me tourner vers le bonheur de l’expérience, du vécu et de l’apprentissage. J’échoue souvent, fais des commandes ASOS insensées quand je m’ennuie ou que j’ai envie de me récompenser. Mais rien ne me rend plus heureuse que de prendre l’avion, le bus, le train, ma mobylette et quitter mon quartier pour découvrir ce qui se passe à côté.

M’éloigner de la France me permet de porter un regard différent sur le monde qui m’entoure et je ne cesserai de voyager jusqu’à ce que mort s’en suive. Aujourd'hui je suis très fière d'être française, je me sens en unité avec mon pays, mes amis, mes proches.

Ces mots qui clôturent l’année 2014 et accueillent 2015 à bras ouverts sont importants pour moi et peut-être qu’ils trouveront écho en vous, suite aux récents événements.

J’espère que chacun trouvera en soi la clé pour démarrer cette nouvelle année sereinement. Je vous souhaite à toutes et à tous le meilleur pour 2015, merci d’être là !

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